Publié le 28 Août 2025
.jpg)
Les vagues de chaleur se répètent et s’intensifient été après été. Dans ce contexte, les « passoires thermiques » de l’hiver deviennent des « logements bouilloires » l’été, au point de rendre certains habitats quasi inhabitables. Selon le syndicat industriel Ignes, ces situations concerneraient près d’un tiers des logements. Au-delà de l’inconfort, l’enjeu est sanitaire et social : les publics les plus vulnérables sont directement exposés. Le réseau des ADIL, présent dans 90 départements, mesure l’ampleur du sujet : sur environ 850 000 consultations par an, près de 120 000 portent sur la rénovation énergétique. Une enquête conduite par l’ANIL en 2023 auprès de 3 000 ménages confirme des freins persistants : le financement arrive en tête, mais les ménages demandent aussi de la clarté, de la stabilité et de l’accompagnement. Dans ce contexte, les signaux contradictoires nuisent à la confiance. La suspension — même temporaire — de MaPrimeRénov’ a illustré les effets d’une gestion en « stop and go ». Si une reprise au 15 septembre et un complément via les certificats d’économie d’énergie ont été annoncés, la filière a besoin d’une visibilité pluriannuelle, d’un cadre stable et de moyens à la hauteur.
Sortir du « stop and go » et intégrer la chaleur dans les politiques de rénovation
Pour Stéphane Troussel, président de l’ANIL, il est temps de mettre en œuvre un plan national de rénovation thermique « puissant, stable et lisible dans la durée ». L’urgence est d’autant plus forte que le Fonds vert destiné aux collectivités a été réduit de 50 % en 2025, alors que ces dernières jouent un rôle clé d’investisseur public pour la rénovation des bâtiments. Parallèlement, une proposition de loi transpartisane cible spécifiquement les « logements bouilloires » : reconnaître la surchauffe estivale dans la définition de la précarité énergétique, programmer la rénovation des biens concernés mis en location à partir de 2030, et lever des freins opérationnels (règles de vote en copropriété, modalités d’avis des ABF) afin de faciliter l’installation de protections solaires. Pour les diagnostiqueurs, l’enjeu est double : objectiver la vulnérabilité à la chaleur et guider vers des solutions efficaces — isolation de la toiture et des combles, protections solaires, ventilation adaptée, traitement de l’inertie — tout en accompagnant les ménages dans un environnement d’aides mouvant. L’objectif n’est pas de pousser à une climatisation permanente et coûteuse, mais de rendre les logements supportables en réduisant la dépendance aux équipements énergivores. En clair : sans cadre public stable et lisible, les ménages diffèrent les travaux ; avec un plan pluriannuel et des règles clarifiées, ils peuvent investir sereinement. C’est là que l’expertise du diagnostiqueur prend toute sa valeur : traduire l’urgence climatique en trajectoires de rénovation crédibles, finançables et protectrices pour les occupants.