Publié le 15 Juillet 2025

Depuis son passage en version opposable, le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) n’a cessé de gagner en importance, devenant un pilier incontournable des ventes, locations et rénovations. Mais à force de vouloir en faire un outil central, la réforme a visiblement raté certains virages. C’est ce que révèle sans détour la Cour des comptes dans un rapport récent, qui met en lumière des failles inquiétantes.

L’objectif était clair : fiabiliser le DPE, le rendre plus lisible pour les particuliers, et l’utiliser comme boussole dans la lutte contre les passoires thermiques. Mais la mise en œuvre, elle, laisse à désirer. La Cour souligne une fiabilité encore trop inégale selon les opérateurs, des outils de calcul parfois instables, et une pression croissante sur les diagnostiqueurs, sommés de produire des résultats normalisés dans un contexte réglementaire mouvant.

Des délais trop longs, des résultats parfois incohérents

Autre reproche majeur : la lenteur du déploiement des ajustements correctifs. Entre les bugs de l’outil officiel de calcul, les données manquantes dans les bases de données (type EDLS), et les incertitudes autour des seuils, les diagnostiqueurs se retrouvent régulièrement à devoir justifier des écarts qu’ils n’ont pas provoqués. Une situation qui fragilise leur position face aux clients, mais aussi face aux contentieux.

La Cour met également en garde contre la multiplication des sanctions envisagées, alors même que les moyens d’encadrement et de formation ne suivent pas. Si les exigences montent, il est impératif que l’État accompagne réellement la profession, plutôt que de l’exposer.

Une réforme nécessaire, mais à revoir

Loin de remettre en cause l’utilité du DPE, la Cour des comptes appelle surtout à un cadre plus stable, plus transparent et mieux soutenu. Cela passe par un meilleur pilotage national, une clarification des règles de calcul, et une montée en compétence homogène des professionnels certifiés. Car à vouloir faire du DPE un outil décisif de politique publique, on ne peut se permettre de l’adosser à une mécanique encore perfectible.

Pour les diagnostiqueurs, ce rapport a le mérite de mettre en lumière ce que beaucoup vivent au quotidien : un métier en mutation, tiraillé entre exigence de qualité, instabilité réglementaire et attentes croissantes du marché. La reconnaissance de ces réalités, au plus haut niveau de l’État, pourrait bien ouvrir la voie à une réforme… de la réforme.

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