Publié le 25 Avril 2025

Peut-on réellement rendre les logements français compatibles avec les objectifs de l’accord de Paris ? À première vue, la tâche semble titanesque, mais pas totalement irréaliste. Il faudrait pour cela que plus de la moitié des logements rénovés chaque année atteigne la classe A de l’étiquette énergie, un objectif ambitieux quand on sait que seuls 2 % des logements sont actuellement à ce niveau de performance.

Le secteur résidentiel-tertiaire représente à lui seul 23 % de l’empreinte carbone de la France. Il est donc urgent de l’intégrer pleinement à la stratégie de lutte contre le changement climatique. Pourtant, le budget 2025 dédié aux aides à la rénovation énergétique a été réduit d’un milliard d’euros par rapport à 2024, ce qui complique davantage la situation.

Aujourd’hui, environ 30 millions de résidences principales existent en France, réparties entre maisons individuelles (56 %) et appartements (44 %). Le DPE montre que :

  • 32 % des logements sont classés D,
  • 23 % en C ou E,
  • 10 % en F,
  • 7 % en G,
  • et seulement 5 % en A ou B.

L’étiquette énergie repose sur deux critères : la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre (GES). Même si les consommations sont corrigées à partir de données réelles pour mieux refléter la réalité, on estime que le secteur résidentiel émet environ 60 millions de tonnes équivalent CO₂ par an, soit près d’une tonne par habitant.

Le problème ? Le budget carbone mondial pour maintenir le réchauffement sous 1,5 °C est limité. En le répartissant au prorata de la population mondiale, la France disposerait d’environ deux milliards de tonnes équivalent CO₂. Si l’on alloue 15 % de ce budget aux logements (soit leur poids actuel dans l’empreinte nationale), cela représente environ 300 millions de tonnes. Or, à leur rythme actuel, les logements français épuiseraient ce budget… en cinq ans. Même en tenant compte des « puits de carbone » naturels comme les forêts ou les océans, la situation reste préoccupante. Pour respecter les objectifs climatiques, les logements ne devraient émettre que 80 kg équivalent CO₂ par habitant et par an. Nous en sommes à dix fois plus aujourd’hui. Pourtant, des exemples positifs existent. À Pont-de-Barret, une maison construite avec des matériaux biosourcés, extrêmement bien isolée et équipée de panneaux photovoltaïques a démontré qu’il est possible d’atteindre ces objectifs tout en restant dans des coûts similaires à ceux de logements sociaux. Cette maison héberge quatre personnes et respecte les exigences du budget carbone.

La bonne nouvelle, c’est que la construction durable est possible. La mauvaise, c’est que la rénovation du parc existant reste un défi colossal. Il est donc urgent de repenser notre politique de rénovation, d’investir massivement dans les compétences et les aides publiques, et de viser la très haute performance énergétique dès aujourd’hui.

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