Publié le 24 Juin 2025
Dans le parc immobilier ancien, le plomb reste un ennemi silencieux. Interdit depuis 1949 dans les peintures, il continue pourtant de hanter les murs de nombreux logements, en particulier ceux construits avant cette date. Invisible à l’œil nu, le plomb constitue une menace sérieuse pour la santé, en particulier celle des enfants et des femmes enceintes. Un cas récemment mis en lumière par un avocat spécialisé illustre cette faille du système locatif : une locataire, hébergée dans un appartement insalubre, a vu la santé de son enfant gravement affectée par une exposition au plomb. Pourtant, un diagnostic plomb avait bien été réalisé, mais les conclusions techniques n’ont pas été suffisamment prises en compte. Le rapport signalait la présence de plomb, mais sans mesures coercitives ni suivi particulier.
Le CREP (Constat de Risque d’Exposition au Plomb) est obligatoire pour toute location d’un logement construit avant 1949. Mais il arrive que le rapport se contente d’une évaluation minimaliste, ou que les propriétaires, souvent mal informés, ne perçoivent pas l’urgence d’agir. Le résultat : des logements dangereux, techniquement « en règle », mais humainement inacceptables. Cette situation soulève un enjeu majeur : la vulnérabilité locative face à une insalubrité masquée. Les locataires précaires, souvent sans recours ou sans connaissances juridiques, paient le prix fort de cette défaillance collective. Et les diagnostiqueurs, bien que souvent consciencieux, se retrouvent dans une zone grise entre obligation d’information et limites de leur mission.
Ce type d’affaire rappelle que le diagnostic ne doit pas être perçu comme une simple formalité. Il doit être un outil de prévention, compris et suivi d’effets. Lorsque la présence de plomb est avérée, des actions doivent être déclenchées : travaux, suivi médical, voire signalement aux autorités sanitaires. Dans un contexte de crise du logement et de vieillissement du parc immobilier, il est urgent de revaloriser le rôle des diagnostics techniques comme leviers de santé publique, et non comme des obligations administratives isolées.